Le Phénomène du E-sport, on en parle ?
Posted by ESPORTSGAMINGNEWS mai 3, 2020 inImaginez que vous êtes dans une aréna ou une salle de plus de 40.000 places à crier et à applaudir pour encourager des joueurs qui sont derrière une console ou un ordinateur et on vous dit qu’ils pratiquent un sport. Vous ne voyez ni Messi, ni Cristiano Ronaldo, ni Lebron James et encore moins Raphael Nadal, mais plutôt des joueurs professionnels de jeu vidéo qui pratiquent ce que l’on appelle E-sport ou sport électronique.
Origines de L’Esport ?
Ce concept est apparu dans les années 90 avec l’avènement de tournois en réseau communément appelés LAN. On peut citer Quake ou encore Starcraft comme premiers jeux Esport. Il s’est popularisé dans les années 2000 avec le World Cyber Games challenge organisé à Séoul où plusieurs compétitions ont été proposées comme Fifa 2001, Quake 3, Unreal Tournament, Counter Strike et bien sûr Starcraft Brood War . Cet événement mondial avait rassemblé plus de 430 personnes, 37 nations dans 6 disciplines. De fil en aiguille, d’autres événements ont vu le jour et se renouvelaient chaque année, on peut citer:
ESWC (electronic Sports World Cup)
WEG (World Esport Games)
MLG (Major League Gaming)
EVO (Evo Championship Series )
Afin de faciliter la compréhension de tous on va étayer le concept du E-sport et ses particularités de la plus simple des manières
Le Esport concrètement c’est quoi ?
Nous pourrions définir le Esport comme de grands tournois de jeu vidéo avec des milliers joueurs interconnectés qui s’affrontent pour tenter de remporter de grosses sommes d’argent, mais ça serait trop compliqué. On va la faire simple, Le jeu vidéo est la première industrie culturelle dans le monde, il devance la musique et le cinéma au classement, n’est-ce pas grandiose comme dirait Franklin dans Ma famille d’abord ? Plus sérieusement, son chiffre d’affaires est monté à 100 milliards de dollars en 2017 et continue de grimper. Plutôt impressionnant, non ?
Le Esport désigne les plus grandes compétitions de jeu vidéo organisées par les éditeurs ou encore les fédérations qui mobilisent des milliers de personnes entre joueurs professionnels,acteurs, journalistes, commentateurs et surtout spectateurs.
Ces tournois se déroulent généralement dans de grandes salles ou des arènes et sont très fortement médiatisés par le biais de chaînes télés comme ESPN ou encore sur internet grâce à YouTube et Twitch. Aujourd’hui une finale de Esport est plus regardée qu’une finale de NBA, n’en déplaise aux fans des Splash Brothers.
Ce sport ou plutôt ce sport virtuel met en avant des joueurs professionnels qui appartiennent à des équipes sponsorisées par les plus grandes marques ou fournisseurs de produits informatiques et qui s’affrontent dans des tournois physiques ou organisés en ligne.
Le Esport, est-ce réellement un sport ?
Le Esport aspire à devenir un sport reconnu même si ses détracteurs lui mettent des bâtons dans les roues en déclarant que les joueurs professionnels de jeu vidéo n’exercent pas d’activités physiques ou encore que le jeu vidéo rend obèse, développe une agressivité chez les enfants jusqu’à les rendre peu sociables. Bon on va éviter de parler de l’addiction à la cocaïne de Maradona, des coups de coude de Draymond Green, des roulades de Neymar qui saoulent les fans de foot. De la prise de masse extraordinaire de Ronaldo R9 aka “Gronaldo” ou encore du fameux attentat de Sergio Ramos sur Mohamed Salah qui a failli lui gâcher la Coupe du monde avec son Pays.
Si le scrabble et les jeux d’échecs sont considérés comme des activités sportives pourquoi pas le jeu vidéo ? Des études ont prouvé récemment que jouer au jeu vidéo développe les réflexes, améliore l’intelligence et réduit considérablement le stress chez les plus grands.
Pour l’instant, il n’est pas encore considéré comme un sport, mais des efforts sont en train d’être menés pour qu’il le soit avec des projets de loi votés dans les assemblées nationales des pays concernés et même une requête est en cours pour qu’il soit intégré dans les prochains Jeux Olympiques.
Y’a-t-il du Esport au Wakanda ?
Si vous pensez une seule seconde que nous sommes complètement largués par le phénomène du Esport sachez que vous avez absolument raison. Aucune présence d’éditeurs jeu vidéo, pas de pro gamers dans les grands clubs du monde, pouvoir d’achat faible et surtout aucun serveur dédié installé dans le continent. Néanmoins depuis quelques années L’Afrique tend à devenir la terre promise du Esport. Des efforts considérables ont été enregistrés depuis le développement des nouvelles technologies numériques, internet est plus accessible, des tournois online sont organisés et du côté offline il y’a eu en 2017 la Can Esport organisée par Orange Football Club qui a regroupé 8 pays du continent autour d’une compétition de PES 2017. Par la suite, le Maroc a accueilli L’Africa Game Show en novembre avec 16 pays dont le Madagascar autour de jeux comme Street Fighter FIFA PES Rainbow Six Siege et Counter Strike.
En Cote d’Ivoire, la première édition du Festival de l’électronique du Jeu vidéo D’Abidjan (FEJA) a regroupé plus de 150 joueurs et les vainqueurs ont reçu des cash prize allant de 1.000.000 à 3.000.000 de CFA. Ils ont une forte communauté de gamers regroupés autour de l’association Gamers CI.
Toutefois, il convient de noter que la culture Esport dans le continent où vit le Black Panther est plus développée en Afrique anglophone avec des pays comme le Kenya, le Ghana, L’Afrique du Sud ou encore le Zimbabwe qui font des tournois offlines très populaires. Ils ont de très bons joueurs dans des jeux comme Rainbow Six Siège ou encore Counter Strike et ont le soutien de partenaires comme Asus ROG qui appui au financement de ces tournois. L’Afrique du Sud qui est sans aucun doute le pays le plus avancé coté Esport, accueille chaque année la Rage Expo, un événement d’envergure mondiale avec plus de 100.000 dollars de cash prize, 526 médias accrédités et la présence de partenaires comme HP Omen, Monster, ASUS et bien d’autres évoluant dans le domaine de l’informatique.
Quid du Sénégal ?
Rassurez-vous notre cher pays s’intéresse au phénomène qu’est le Esport, mais reste cloîtré dans des stéréotypes datant du moyen âge qui racontent que les jeux vidéo ne sont pas positifs pour les enfants, les hommes qui y jouent sont immatures et tout un concentré de théories factices visant à décrédibiliser cette industrie culturelle. Pourtant les personnes qui critiquent sont souvent celles qui jouent à Candy Crush ou encore Subway Surfer derrière leurs bureaux aux heures de pause ou dans les arrêts de bus et qui ne réalisent toujours pas que cette passion qu’à leurs enfants peut devenir un vrai métier pour eux. Ils pourraient gagner de belles sommes d’argent comme au football ou au basket avec un peu plus de soutien et d’encadrement.
Le phénomène du Esport a émergé au Sénégal en 2012 avec SENGAMES, l’association sénégalaise des gamers qui a organisé l’un des tout premiers tournois Esport sur PES 2012 au CICES Dakar. Un événement qui a accueilli plus d’une centaine de fans entre gamers, spectateurs, journalistes et sympathisants.
Cependant, le vrai déclic est intervenu en 2016 lors de la première édition du Dakar Digital Show organisée par Orange Sénégal qui a vu un représentant de Orange France parler des enjeux du Esport et de la volonté de l’opérateur téléphonique à vouloir investir en Afrique dans ce domaine. En 2017 Orange Sénégal avec l’appui de SENGAMES et World Gaming Fédération a organisé les qualifications pour la compétition CAN Esport sur PES 2017 au Gabon, le Sénégal avait terminé 3e meilleure nation de ce tournoi et deuxième meilleure nation sur FIFA 18 lors de L’Africa Game Show.
De nos jours, les tournois Esport se multiplient avec des nouveaux acteurs, “pseudo-experts” en la matière qui organisent des événements gaming dans la capitale du Sénégal en partenariat avec des entreprises connues. Après il faudrait tout de même relativiser le concept et ne pas en faire un fourre-tout, car il faudrait que certaines conditions soient réunies pour qu’un tournoi puisse être considéré réellement comme du Esport :
· Le professionnalisme des joueurs (entraînements réguliers et expérience par rapport au jeu proposé)
· La création de clubs orientés strictement gaming et sponsorisés par des marques
· La notion de spectacle, car le vrai Esport est un spectacle comme la Coupe du monde de football commenté par des casters célèbres.
· Une médiatisation des tournois organisés (YouTube, télévision ou Twitch)
Aujourd’hui le Sénégal possède une équipe FIFA 18 CLUB PRO accompagnée par SENGAMES et déterminée à se venger contre la Colombie lors de la prochaine Coupe du monde FIFA CLUB PRO, des clubs de jeu de baston comme MGB, “Raak Ba Dé” et une structure Jambar Esport avec des joueurs qui s’entrainent régulièrement sur les nouveaux jeux Esport: Overwatch, Counter Strike, Fortnite ou encore PUGB. A cela s’ajoute une grande communauté regroupée autour de League of legend avec plus de 1000 membres qui jouent régulièrement et qui ont même leur propre compétition suivi et commentée par des casters sur Youtube.
L’évolution est encore assez timide, mais très prometteuse. Il faudrait une réelle implication de certaines marques et la formation de joueurs pour la faire décoller un peu plus.
Pour conclure, le Esport est bel et bien un phénomène reconnu et respecté dans le monde et qui continue d’exploser les records. L’Afrique n’est pas en reste et tente de rattraper le peloton malgré le manque de soutien financier. Seulement tant que le prix d’une console de jeu sera plus élevé que le salaire moyen en Afrique il y’aura toujours un grand écart entre L’Europe, L’Asie, les USA et notre continent. Cependant on y croit, comme on croit mordicus qu’un pays africain remportera la Coupe du monde.
En attendant de lire vos commentaires, “esportez” vous bien !